Fragments d'une méditation sur le crucifix.
« Je me prosterne en ce saint lieu
Au pied de la Croix de mon Dieu ;
C'est le seul endroit où ma tête
Est à l'abri de la tempête.
J'y vois mon Seigneur attaché,
J'y vois ses rudes clous, les cruelles épines
Qu'Il endure pour mon péché,
Entre les deux criminels convaincus de rapines.
J'y vois de ses bras étendus
Frémir la chair, les nerfs, les muscles et les veines,
Et des tourments qui nous sont dus
Son corps en chaque part faire ses propres peines.
J'y remarque en chaque tourment
L'éternité dans le moment,
La gloire dans l'ignominie,
Et la vigueur dans l'agonie.
J'y considère l'Immortel
Mourir ainsi que l'Homme, en expier le crime.
J'y vois le prêtre sur l'autel,
Et pour s'offrir à soi, le Dieu dans la victime.
J'y vois changé, j'y vois éteint
Le divin éclat de ce teint ;
J'y vois flétrir les saintes roses
Qui disent tant de graves choses.
J'y vois porter pour tout secours
L'aigre et vaine liqueur dont se grossit l'éponge.
Mon seul refuge est sans secours,
Et dans notre néant son Être humain se plonge … »
Marc-Antoine de Saint-Amand (1594 - 1661)
Ces mots invitent à prier à genoux devant Notre-Seigneur, en Sa sainte présence.