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« Bonté infinie »


« Il convient d'avertir ici que toutes les choses que nous venons de signaler comme favorables à la dévotion, doivent être regardées comme de simples préparatifs par lesquels l'homme se dispose à l'action de la grâce divine, et qu'ainsi, tout en les mettant soigneusement en pratique, il ne doit pas établir en eux sa confiance, mais en Dieu seul.

Je dis ceci, parce qu'il y a quelques personnes qui font comme un art de [...] tous ces enseignements. Il leur semble que [...] celui qui observera fidèlement ces règles de la vie spirituelle, doit en vertu de cela acquérir en peu de temps ce qu'il désire. Mais ces personnes ne considèrent pas que c'est là faire un art de la grâce, et attribuer à des règles et à des industries humaines, ce qui est un pur don et une miséricorde du Seigneur.

C'est pourquoi il convient de considérer ces affaires de la vie spirituelle, non comme une chose d'art, mais comme une chose de la grâce. En les regardant ainsi, l'homme saura que le principal moyen pour obtenir des dons si précieux, est une profonde humilité et une parfaite connaissance de sa propre misère, avec une confiance entière en la miséricorde de Dieu. 

De cette vue de la misère et de la miséricorde, naîtront de continuelles larmes et de ferventes oraisons ; et l'homme, entrant ainsi par la porte de l'humilité, obtiendra par l'humilité ce qu'il désire, et le conservera avec humilité, sans se confier d'aucune manière ni en la méthode de ses exercices, ni en quoi que ce soit qui vienne de lui. »

Saint Pierre d'Alcantara, XVIe siècle. Célébré aujourd'hui.





Et voici quelques extraits de ses prières. 

« Ô Dieu, mon Espérance, ma Gloire, mon Refuge, faites mourir en moi tout ce qui Vous déplaît et daignez m'accorder tout ce qui est selon votre Cœur.» 

« Par-dessus toutes les vertus, je Vous demande, Seigneur, que Vous m'accordiez la Grâce de Vous aimer de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces, de toutes mes entrailles, comme Vous me le recommandez.

Ô Vous qui êtes toute mon espérance, toute ma gloire, tout mon refuge et toute ma joie !

Ô ami des amis ! [...]

Ô douceur de mon cœur !
Ô vie de mon âme !
Ô repos et bonheur de mon esprit !
Ô beau et clair jour de l'éternité !
Ô douce lumière de mes entrailles et paradis fleuri de mon cœur !
Ô mon aimable principe et ma suffisante fin ! [...]

Faites de moi un homme selon votre Cœur. Blessez, Seigneur, le plus intime de mon âme des flèches de votre Amour. [...]

Quand est-ce que je Vous serai agréable en tout ?
Quand ne restera-t-il plus rien de ce qui Vous déplaît en moi ?
Quand serai-je tout à Vous ?
Quand cesserai-je d'être à moi ? 
Quand ne trouverai-je plus en moi rien qui Vous soit étranger ?
Quand Vous aimerai-je avec une ardeur extrême ?
Quand aurez-Vous levé tous les obstacles et les empêchements, pour que je ne fasse qu'un même esprit avec Vous et que je ne puisse jamais plus être séparé de Vous ? [...]

Ô ma force, fortifiez-moi ! Ma lumière, dirigez-moi ! 

Vous remplissez les Cieux de la terre, et Vous laissez mon cœur vide ! Vous revêtez les lys des champs, Vous préparez la nourriture des petits oiseaux [...], pourquoi m'avez-Vous oublié, moi qui ai tout oublié pour Vous ?

Bonté infinie, je Vous ai connue trop tard ; je Vous ai aimée trop tard, beauté si ancienne et si nouvelle !

Quel triste temps pour moi que celui où je ne Vous ai pas aimée ! Qu'il est triste pour moi de ne Vous avoir pas connue ! Quel aveuglement était le mien, lorsque je ne Vous voyais pas ! Vous étiez au-dedans de moi, et j'allais Vous cherchant au dehors. 

Mais puisque je Vous ai trouvé si tard, ne permettez pas, Seigneur, que jamais je Vous quitte.

Ainsi soit-il. »