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Le regard de l'âme vers le Ciel


« Du désir de la vie éternelle, et des grands biens promis à ceux qui combattent courageusement. »


« Jésus-Christ :

Mon fils, lorsque le désir de l'éternelle béatitude vous est donné d'en haut et que vous aspirez à sortir de la prison du corps pour contempler ma lumière [...], recevez avec amour cette sainte aspiration.

Rendez grâce de toute votre âme à la bonté céleste, qui vous prodigue ainsi ses faveurs, qui vous visite avec tendresse [...] et vous soulève puissamment, de peur que votre poids ne vous incline vers la terre.
Car rien de cela n'est le fruit de vos pensées ou de vos efforts, mais une grâce de Dieu, qui a daigné jeter sur vous un regard afin que, croissant dans la vertu et dans l'humilité, vous vous prépariez à de nouveaux combats et que tout votre coeur s'attache à moi avec la volonté ferme de me servir.

Je connais votre désir [...]
Vous voudriez jouir déjà de la liberté glorieuse des enfants de Dieu

Mais l'heure n'est pas encore venue, vous êtes encore dans un autre temps, temps de guerre, temps de travail et d'épreuves.
Vous désirez être rassasié du souverain bien, mais cela ne se peut maintenant.

C'est moi qui suis le bien suprême ; attendez-moi dit le Seigneur, jusqu'à ce que vienne le royaume de Dieu.

Il faut que vous soyez encore éprouvé sur la terre et exercé de bien des manières. De temps en temps vous recevrez des consolations, mais jamais assez pour rassasier vos désirs.

Ranimez donc votre force et votre courage [...]
Il faut que vous vous revêtiez de l'homme nouveau, que vous vous changiez en un autre homme.

Il faut que souvent vous fassiez ce que vous ne voulez pas, et que vous renonciez à ce que vous voulez.
Ce que les autres souhaitent réussira, mille obstacles s'opposeront à ce que vous souhaitez.
On écoutera ce que disent les autres, ce que vous direz sera compté pour rien.
Ils demanderont et ils obtiendront; vous demanderez et on vous refusera.
On parlera d'eux, on les exaltera; et personne ne parlera de vous.
On leur confiera tel ou tel emploi, et l'on ne vous jugera propre à rien.
Quelquefois la nature s'en affligera ; et ce sera beaucoup si vous le supportez en silence.
C'est dans ces épreuves et une infinité d'autres semblables que l'on reconnaît combien un vrai serviteur de Dieu sait se renoncer et se briser à tout.



Mais pensez, mon fils, aux fruits de vos travaux, à leur prompte fin, à leur récompense trop grande, et loin de les porter avec douleur, vous y trouverez une puissante consolation.

Car, pour avoir renoncé maintenant à quelques vaines convoitises, vous ferez éternellement votre volonté dans le Ciel.
Là tous vos voeux seront accomplis, tous vos désirs satisfaits.
Là tous les biens s'offriront à vous, sans que vous ayez à craindre de les perdre.
Là votre volonté ne cessant jamais d'être unie à la mienne, vous ne souhaiterez rien hors de moi, rien qui vous soit propre.

Là [...] tout ce qui peut être désiré étant présent à la fois, votre âme, rassasiée pleinement, n'embrassera qu'à peine cette immense félicité.

Là je donnerai la gloire pour les opprobres soufferts, la joie pour les larmes, pour la dernière place un trône dans mon royaume éternel.

Là éclateront les fruits de l'obéissance, la pénitence se réjouira de ses travaux, et l'humble dépendance sera glorieusement couronnée.

Vous ne devez rien désirer, sinon que, soit par la vie, soit par la mort, Dieu soit toujours glorifié en vous. »

Imitation de Jésus-Christ, Livre III. 

Photo : abbaye du Barroux.