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Semaine Sainte | Troisième Parole du Christ en Croix


Voici ta Mère ... 
Dicit Matri suas : Muter, ecce filius tuus. Deinde dicit discipulo : Ecce Mater tua.


« La troisième des paroles de Jésus en Croix n’est pas non plus pour crier sa souffrance. Elle ne revient pas à Iui. Elle va, comme les deux premières, au monde qu’il veut sauver. 

En confiant saint Jean à sa Mère, c'est nous tous en même temps qu'il va lui donner pour enfants et dont elle va devenir désormais devant lui la Mère responsable. Cela signifie qu’il lui promet, si nous n’y mettons pas obstacle, d'exaucer aussi merveilleusement que naguère à Cana, la prière qu’elle Iui fait pour nous.

Pilate devine dès lors quelque chose des profondeurs de Jésus. Il en est troublé ; [...] il cède néanmoins à la pression des grands-prêtres. C’est là, éternellement, son péché. Mais quand il écrit sur la croix : 
« Le roi des Juifs », ce n’est pas dans sa pensée une ironie. C’est bien plutôt une revanche de sa conscience secrète contre le crime qu’on s’arrange à lui faire commettre. Il pressent maintenant que ce Jésus trahi [...] et qu’on l’oblige à crucifier est le vrai Roi des Juifs. 

Il y a toujours un peu de l’âme d’un disparu dans ses vêtements ; en les partageant, c’est elle qu’on déchire.

C’est alors qu’est prononcée la troisième parole : Jésus donc voyant sa Mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : - Femme, voici ton fils. Ensuite, il dit au disciple : - Voici ta Mère.

Les adversaires de Jésus ont triomphé. [...] Ses disciples ont fui. Il reste près de la croix quatre soldats [...] et quelques cœurs amis : la Vierge et saint Jean, des parents, cette Marie de Magdala.

Cette présence [ de sa Mère ], pour tous deux, est à la fois indiciblement douceur et douleur.
Celui qui aime, quand il découvre l’écho de sa propre souffrance dans un être aimé, sent se déchirer de nouvelles régions de son cœur. 

Voici ta Mère. Jésus, c’est vous qui me la donnez pour Mère. Voilà votre testament pour moi. C’est de votre Croix, de laquelle vous m’invitez à m’approcher, que j’entends, tout tremblant, venir ce mot de Mère, et cette révélation d’une tendresse dont le sens me dépassera toujours. »

 

Père Charles Journet, Les sept paroles du Christ en Croix. 1952.

Extraits.