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Croix et espérance

D'un ami d'enfance, maintenant séminariste. Message très touchant, et profond.


« Avant ses trois ans de vie publique, Jésus a passé trente ans à Nazareth où il n'a « rien » fait. En tout cas il ne nous en est rien resté, et à voir ces versets, il n'avait pas vraiment marqué les esprits :

" Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? "

Et pourtant, durant tout ce temps, Jésus était bien en train de sauver le monde. Il n'y a pas de différence entre Jésus à Nazareth, Jésus prêchant en Galilée et en Judée et Jésus souffrant sa Passion. Tout cela est une seule et même action : offrir sa vie en rémission des péchés, pour sauver l'humanité.

C'est ce qu'a compris le Bienheureux Charles de Foucauld, lorsqu'il alla habiter à Nazareth pour se faire aussi pauvre et inutile que Jésus avant sa vie publique. C'est aussi pour cela qu'il s'est installé au milieu des Touaregs dans le Sahara. D'ailleurs, à sa mort en 1917, il n'avait pas de résultat bien impressionnant à faire valoir ... On sait aujourd'hui le rayonnement qui en a rejaillit !

Dans ces deux exemples de vie en apparence sans relief, la fécondité était très présente, mais pas le succès.

L'évêque nous a alors parlé du courage nécessaire pour vivre le présent [...] Comme pour Charles de Foucauld, c'est dans la méditation des Écritures que l'on trouve de quoi nourrir son courage quotidien.

Voilà pour mes notes [enseignement donné par l'évêque]. Cependant je voudrais ajouter deux choses pour toi.


La première me vient d'un séminariste qui est avec moi. Un jour sa carrière s'est interrompue car il a déclaré un cancer qui a failli avoir raison de lui. Durant les longs temps de traitement il a fait l'expérience de la faiblesse extrême, de n'être plus capable de ne rien faire. [...]

Quand on ne peut plus rien faire que l'essentiel, aimer, on expérimente le dépouillement de n'être riche que de Dieu seul. [...]

J'ose ajouter ma deuxième chose, qui m'a frappé dans ma méditation. Comme je l'écrivais, Jésus n'a fait qu'une chose sur Terre : nous sauver. Toutes ses actions et ses paroles sont reliées à cela. Néanmoins, le moment où tout le mouvement de sa vie se concrétise et atteint sa consommation est bien le Vendredi Saint sur la croix.

A ce moment-là, les mains qui ont guéri et béni tant de personnes sont clouées sur le bois, incapables du moindre mouvement. Et lui qui par sa parole a tant donné à comprendre l'amour de Dieu et la confiance sans limite que l'on peut lui donner, n'est plus alors capable que de s'écrier : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné ! " (qui est en fait le début du psaume 22 (21), qui, si on le lit en entier, semble décrire et la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection. C'est très impressionnant !). Donc, le moment où Jésus est le plus en train de nous sauver est le moment où humainement il n'est plus que souffrance et désespoir.

Il me semble bien que la contemplation de la Croix nous permet de faire jaillir la fécondité du Christ Rédempteur de nos souffrances. C'est une possibilité offerte aux chrétiens par leur union au Christ, une des plus puissantes manifestations de la liberté chrétienne : faire jaillir de l'amour au cœur même de l'absurdité du mal, et par là-même sauver le monde. »

Merci.